Le feu à l'Anauco
Cela c’est passé hier soir, vers 19 heures. J’étais tranquillement dans ma chambre, somnolant, pensant à ma journée passée quand des cris ont commencé à me sortir de ma torpeur. Connaissant le pays, j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait à quelques voisins qui chahutaient. En bon français, je fulminai déjà en mon fort intérieur, en me disant que quand même, ce n’était pas des manières, quand j’ai me suis rendu compte que ca ne ressemblait pas aux cris que j’avais l’habitude d’entendre… et pour cause. Je sors, et je trouve mon voisin de pallier aussi béat que moi, à peu près dans la même tenue négligée que seule l’intimité nous autorise, et entre nous une épaisse fumée…
Le temps de mettre une tenue plus décente, et j’ai commencé à me diriger vers les escaliers. Là m’attendait un spectacle assez surnaturel. Comme vous ne le savez pas, l’Anauco Hilton met à disposition une partie de ses chambres pour les gens de la mission Milagro. Cette mission permet à n’importe quel latino de venir à Caracas pour se faire opérer gratuitement de la cataracte. Imaginez donc les escaliers, embouteillés par des dizaines d’aveugles, avec leur lunettes noires, se donnant la main et essayant de descendre à la queue le leu, le tout dans une fumée noire et acide. Le plus étrange était que tout ce petit monde descendait tranquillement, sans aucune panique, rigolant même à la bonne blague qui leur était faite…
En bas, nous attendaient déjà les voisins des autres étages. Je retrouve là ma Pamelita, un peu ahurie, qui revenait de faire quelques courses. J’en rajoute un peu sur les dangers courus, style Mac Queen dans La Tour Infernale (il ne faut jamais rater l’occasion de briller devant sa dulcinée), et nous décidons de faire le tour de l’immeuble. De l’autre côté, les flammes, sortant du septième étage, illuminaient toute la façade de l’Anauco.
Nous revenons vers l’entrée et les pompiers étaient déjà là pour s’attaquer à l’incendie. Nous retrouvons là quelques autres chercheurs du CIM, et Christophe revenant d’un rendez-vous avec un fonctionnaire du ministère du travail. Alors que Christophe ignorant la situation (on va pas s’arrêter pour si peu) essayait de me convaincre de l’importance de son dernier rendez-vous pour son projet d’ergonomie, Fred, chercheur australien du CIM, proposait d’aller se jeter quelques bières, histoire de se remettre de nos émotions (si vous avez lu mon article sur la bière au Venezuela, vous avez pu voir que s’il y a un pays où on boit plus de bière qu’ici, c’est bien l’Australie). Finalement, après être allé dîner dans un resto proche, nous avons tous réintégré nos chambres tranquillement. Nous saurons plus tard que le feu avait pris dans un réduit du septième étage destiné aux femmes de ménage, sans ne créer d’autres dommages que des dommages matériels…Une vraie aventure je vous dis.